samedi 19 novembre 2011

Dali Najeh Economie verte et Emploi sommet RIO + 20


Dali Najeh  Economie verte et Emploi sommet RIO + 20

par Dali Najeh, jeudi 17 novembre 2011, 21:16
Dali Najeh sommmet RIO + 20 Economie verte et Emploi

Cette  note se rapporte à l’Economie verte et aux emplois verts, un sujet à l’ordre du jour actuellement notamment dans la perspective de l’obtention d’un nouvel accord sur le climat lors de la 15ème CoP sur le climat à Copenhague fin 2009 qui sera certainement décisif à l’essor des emplois verts.

Il est à rappeler que dans le cadre de l’Initiative conjointe en faveur des emplois verts, le PNUE a publié, en collaboration avec le Bureau International du Travail (BIT), la Confédération Syndicale Internationale (CSI) et l’Organisation Internationale des Employeurs (OIE), un rapport intitulé «Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone». Il s’agit d’une étude de référence sur l’émergence d’une «économie verte» au niveau mondial et son impact sur le monde du travail qui montre que les efforts déployés pour faire face au changement climatique pourraient générer des millions de nouveaux «emplois verts» dans les décennies à venir.

Cette présente note sera structurée comme suit :
- une définition succincte de l’économie verte et de ses enjeux,
- une définition de l’emploi vert et les précautions à prendre pour une transition sans heurts,
- quelques programmes des pays étrangers en vue d’encourager l’essor des emplois verts (France, Etats-Unis),
- et enfin un aperçu des secteurs où les emplois verts présentent de belles opportunités en l’occurrence les secteurs des énergies renouvelables et de la gestion des déchets.

L’économie verte :

L’économie verte est l’ensemble de l’activité économique générée par toutes les entreprises qui produisent des biens et services contribuant à éviter, réduire ou supprimer des nuisances pour l’environnement. Il s’agit par exemple des entreprises de traitement des déchets ou des eaux usées, aux producteurs d’énergie renouvelable, ...

Apparue dans les années 90 à la faveur du Sommet de la Terre de Rio, la notion d’économie verte s’est d’abord manifestée à travers l’intérêt porté au développement durable par une centaine de firmes internationales rassemblées, dès 1992, au sein du World Business Council for Sustainable Development. La vocation de ce réseau est, depuis sa création, d’impliquer les entreprises, notamment les plus polluantes, dans des initiatives volontaires de développement durable, les firmes étant désormais présentées comme «parties de la solution» à la crise écologique.

A l’heure actuelle, une place de choix est attribuée à l’économie verte dans la mesure où la réponse aux crises financière et climatique tient dans le développement de l’économie verte. Le business vert est une valeur porteuse partout dans le monde. L’activité économique ne peut plus désormais s’envisager autrement que sous l’angle du développement durable. Selon l’ONU, « les scientifiques sont d’accord pour dire que pour affronter le changement climatique, il faut une révolution énergétique, un changement complet de la manière dont nous alimentons nos sociétés en énergie », donc le développement d’une économie verte. Dans ce cadre, l’industrie qui connaît la plus forte croissance actuellement dans le monde est celle des énergies renouvelables, lieu de l’essentiel de l’innovation technologique, et là où les emplois du futur sont déjà en train d’être créés.

Selon le PNUE, l’investissement mondial dans les énergies qui n’émettent pas de gaz à effet de serre devrait atteindre les 1900 milliards de $ d’ici 2020, et selon un rapport du cabinet d’études McKinsey & Co, au moins la moitié des réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires peuvent être obtenus en dégageant un profit net pour l’économie mondiale. Par ailleurs, dans le monde entier, ce sont près de 2 millions de personnes qui sont employées dans les secteurs de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne, dont la moitié travaille déjà en Chine.

Economie verte : Comment ? Quels enjeux ?

Il faut tout d’abord souligner l’impact décisif, sur le décollage de l’économie et des technologies vertes de l’intégration de la valeur carbone dans l’économie mondiale. Le marché mondial du dioxyde de carbone a plus que doublé en 2007 par rapport à l’année 2006, et a pris une valeur de 64 milliards de $, d’après les indications de la Banque Mondiale. D’ici 2020, le marché mondial du carbone pourrait atteindre 565 milliards de $ selon Point Carbon.

Ce marché du carbone, en pleine mutation, devrait encourager les entreprises à se détourner des industries très polluantes à base d’énergies fossiles, comme le charbon, pour choisir des techniques moins polluantes, comme le gaz naturel et les énergies renouvelables. Dans l’hypothèse d’un baril à 135 $, le prix de marché pour le carbone serait de 75 $ la tonne, soit trois fois son niveau de cotation actuel.

Un rapport publié en juin 2008 par le Centre d’analyse stratégique indique que la tonne de CO2 devrait se situer à 56 € en 2020, à 100 € en 2030 et à 200 € en 2050. L’étude se base sur « la valeur tutélaire » du carbone, c’est-à-dire celle qui, au-delà de la valeur actuelle de marché, intègre le niveau de l’engagement européen dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Cette montée inexorable du prix du carbone va donc agir comme un puissant catalyseur et accélérer le développement des énergies renouvelables et la mutation vers une économie durable reposant sur l’efficacité énergétique et la valorisation des connaissances.

En mars 2007, l’Union européenne s’est engagée à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 et se dit prête dans le cadre des négociations internationales sur le climat, à se fixer un objectif de 30%. Cela implique une profonde modification de l’économie, dans tous les secteurs d’activité. Cette évolution créera nécessairement des emplois dans certains secteurs et en détruira nécessairement dans d’autres.

Selon une étude du WWF, si l’Europe et surtout la France se fixaient l’objectif de réduire de 30% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020, l’effet sur l’emploi serait positif avec la création de plus de 880000 postes : 316000 postes verraient le jour dans le secteur des énergies renouvelables et 564000 en faveur de l’efficacité énergétique. En outre, le fort contenu en emploi de certains secteurs dont l’activité se développerait notamment le bâtiment, le transport routier et  ferroviaire de voyageurs, le solaire thermique et photovoltaïque et l’éolien compenserait les pertes d’emploi.

En effet, les énergies renouvelables et le développement des transports en commun créeraient chacun environ 35% des emplois directs et indirects. Les mesures d’efficacité énergétiques liées à la chaleur principalement l’isolation des bâtiments en regrouperaient 28% et l’efficacité dans les appareils électriques et les lampes 2%.

Ainsi, une politique climatique ambitieuse permettrait une création d’emplois massive même si au passage cela induirait une disparition des emplois dans certains secteurs.

Emplois verts :

Les emplois verts sont définis comme des emplois contribuant à la préservation ou au rétablissement de la qualité de l’environnement. Selon un récent rapport de l’OIT, on trouve des emplois verts dans un grand nombre de secteurs de l’économie, depuis l’approvisionnement énergétique jusqu’au recyclage et depuis l’agriculture jusqu’à la construction et les transports.

Ils contribuent à diminuer la consommation d’énergie, de matières premières et d’eau grâce à des stratégies d’amélioration du rendement, à réduire les émissions de carbone dans l’économie, à minimiser ou à éviter totalement toutes les formes de déchets et de pollution et à protéger et restaurer les écosystèmes et la biodiversité. Les emplois verts jouent aussi un rôle crucial dans la réduction de l’empreinte écologique de l’activité économique.

A signaler que chaque année, le Global Footprint Network, ONG américaine, calcule l’empreinte écologique de l’humanité (la pression exercée sur les cultures, les forêts, les ressources halieutiques, …)  et la compare avec la capacité des écosystèmes à régénérer ces ressources et à absorber les déchets produits. Un récent rapport de cette ONG vient de montrer que la Terre ne parvient plus à suivre le rythme effréné de consommation des ressources naturelles. Ce qui signifie que la Terre a besoin actuellement d’un an et trois mois pour produire tout ce qui est consommé dans le monde en une année.

Ainsi, une économie durable ne peut plus externaliser les coûts environnementaux et sociaux. Les conséquences de la pollution pour la société, comme la dégradation de la santé, doivent être reflétées dans les prix pratiqués sur le marché. Les emplois verts doivent donc se conformer à la définition du travail décent. Des emplois verts décents sont à même de relier effectivement l’Objectif 1 du Millénaire pour le développement (réduire la pauvreté) avec l’Objectif 7 (protéger l’environnement) et contribuent à rendre ces objectifs complémentaires plutôt que conflictuels.

Le profil de ces emplois verts couvre toute la gamme de qualifications, allant des postes hautement qualifiés de la recherche et développement et des fonctions de direction aux postes à qualification relativement faible, en passant par des postes techniques à qualification moyenne. La majeure partie des emplois verts existant ou à venir se concentre dans des secteurs directement liés à l’utilisation d’énergie, ou la production de matières premières :

• L’amélioration de la rentabilité énergétique, particulièrement dans le
secteur du bâtiment (de la rénovation), de l’industrie et des transports ;
• Les énergies renouvelables ;
• La mobilité : les transports publics ;
• Le recyclage et la réutilisation ;

• L’utilisation durable des ressources naturelles : agriculture, forêts, et
pêcheries ;
• Services environnementaux.

Des dizaines de millions d’«emplois verts» grâce à l’essor de l’économie verte mais des précautions pour une «transition juste»  

Lutte contre le réchauffement climatique, préservation des ressources naturelles : l’économie mondiale vit bel et bien aujourd’hui au rythme de l’environnement. Or, la question qui se pose est celle de savoir si la montée en puissance de « l’économie verte » peut constituer ou pas un vrai relais en termes d’emplois ?

L’OIT estime que « les efforts déployés pour faire face au changement climatique pourraient générer des millions de nouveaux emplois d’ici à 2020 ». Et que le marché mondial des produits et services liés à l’environnement devrait doubler pour passer à 2 740 milliards de $ par an en 2020, contre 1 370 milliards de $ actuellement. Pour les entreprises, le développement durable devient « une ligne de force de leur stratégie, un ensemble d’opportunités voire un axe de développement ».

Le nouveau rapport intitulé « Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone » indique que l’évolution de l’emploi et de l’investissement liée aux actions entreprises pour faire face au changement climatique et à ses effets ont déjà généré de nouveaux emplois dans de nombreux secteurs et économies et pourraient créer des millions d’autres emplois, aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement.

Toutefois, le rapport indique également que le processus de changement climatique déjà en cours va continuer de produire des effets négatifs sur les travailleurs et leurs familles, en particulier ceux qui gagnent leur vie dans l’agriculture et le tourisme. A ce titre, les mesures prises pour faire face au changement climatique, ainsi que pour traiter de ses effets, sont urgentes et devraient être conçues de manière à créer des emplois décents.

Même si le rapport est généralement optimiste quant à la création de nouveaux emplois pour répondre au changement climatique, il signale que nombre de ces nouveaux emplois risquent d’être «répugnants, dangereux et difficiles». Les secteurs préoccupants à cet égard, notamment dans les économies en développement, incluent l’agriculture et le recyclage où les contrats précaires, les faibles rémunérations et l’exposition à des matériaux dangereux pour la santé sont fréquents et sont autant de secteurs qui doivent évoluer rapidement.

En outre, il est précisé que trop peu d’emplois verts sont créés pour les plus vulnérables dans le monde: les 1,3 milliard de travailleurs pauvres (43 % de la main d’œuvre mondiale) dont les revenus sont trop faibles pour les hisser eux et leur famille au-dessus du seuil de pauvreté de 2 $ par personne et par jour, ou les quelque 500 millions de jeunes qui vont devoir chercher un emploi au cours des dix prochaines années.

Il est indiqué aussi que le changement climatique en soi, l’adaptation qu’il nécessite et les efforts pour l’endiguer en réduisant les émissions ont de profondes implications en matière de développement économique et social, de modèles de production et de consommation et donc en matière d’emploi, de revenus et de réduction de la pauvreté. Ces conséquences sont, à la fois, porteuses de risques et de promesses pour les populations actives de tous les pays, mais particulièrement pour les populations les plus vulnérables dans les pays les moins avancés et dans les petits Etats insulaires.

Par ailleurs, le rapport plaide en faveur d’une «transition juste» pour ceux qui sont affectés par la mutation vers une économie respectueuse de l’environnement et pour ceux qui doivent s’adapter au changement climatique en procurant des alternatives économiques et des opportunités d’emploi aux entreprises et aux travailleurs. Dans ce cas, un dialogue social fructueux entre gouvernements, travailleurs et employeurs est indispensable, non seulement pour apaiser les tensions et encourager des politiques économiques sociales et environnementales mieux renseignées et plus cohérentes, mais aussi pour que tous les partenaires sociaux soient impliqués dans l’élaboration de telles politiques.


Parmi les constats saillants cités dans le rapport « Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone » :
- La moitié du marché mondial des produits et services liés à l’environnement concerne l’efficacité énergétique et l’autre moitié les transports durables, l’approvisionnement en eau, l’assainissement et la gestion des déchets. En Allemagne par exemple, la technologie environnementale devrait quadrupler pour atteindre 16% de la production industrielle vers 2030, l’emploi dans ce secteur surpassant ainsi celui des grandes industries du pays, à savoir l’automobile et les machines-outils.
- Les secteurs particulièrement importants en termes d’impact environnemental, économique et d’emploi sont la fourniture d’énergie, en particulier les énergies renouvelables, le BTP, les transports, les industries lourdes, l’agriculture et la foresterie.

- Aux Etats-Unis, le flux investi dans les technologies propres constitue déjà le 3ème secteur d’investissement en capital risque après l’information et les biotechnologies, pendant qu’en Chine, le capital risque investi dans les technologies propres a plus que doublé ces dernières années, atteignant 19% du total des investissements.
- Ces dernières années, 2,3 millions de personnes ont trouvé du travail dans le seul secteur des énergies renouvelables, et le potentiel de croissance de l’emploi dans ce secteur est énorme. Le nombre d’emplois dans les énergies alternatives pourrait grimper jusqu’à 2,1 millions dans l’éolien et 6,3 millions dans le solaire thermique d’ici 2030.
- Les énergies renouvelables génèrent davantage d’emplois que les énergies fossiles. Les prévisions d’investir 630 milliards de $ d’ici à 2030 devraient se traduire par au moins 20 millions de postes supplémentaires dans ce secteur.
- Dans l’agriculture, 12 millions de personnes pourraient être employées dans la biomasse utilisée pour l’énergie et les industries qui y sont liées. Dans un pays tel que le Venezuela, un mélange de 10% d’éthanol dans les carburants pourrait générer un million d’emplois dans le secteur de la canne à sucre d’ici 2012.

- Une transition mondiale vers des bâtiments économes en énergie pourrait créer des millions d’emplois, de même que « l’écologisation » des emplois existants pour un grand nombre des 111 millions de personnes qui travaillent déjà dans le secteur de la construction.
- Les investissements réalisés pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments pourraient créer de 2 à 3,5 millions d’emplois verts supplémentaires en Europe et aux Etats Unis, avec un potentiel bien plus élevé dans les pays en développement.
- Le recyclage et la gestion des déchets emploient aujourd’hui quelque 10 millions de personnes en Chine et 500000 au Brésil. Ce secteur devrait se développer rapidement dans de nombreux pays face à l’augmentation des prix des denrées de première nécessité.

Le rapport donne des exemples de création massive d’emplois verts à travers le monde tels que : en Chine, 600000 personnes sont déjà employées dans des produits de fabrication et d’installation d’énergie solaire tels que les chauffe-eau solaires ; au Nigeria, une industrie de biocarburants basée sur les récoltes de manioc et de canne à sucre pourrait se révéler durable et employer 200000 personnes ; l’Inde pourrait créer 900000 emplois d’ici 2025 grâce à la gazéification de la biomasse dont 300000 dans la fabrication de fours et 600000 dans des activités comme la fabrication de briquettes et de boulettes et dans la chaîne d’approvisionnement de carburant ; et en Afrique du Sud, 25000 anciens chômeurs sont maintenant employés dans la conservation de l’eau dans le cadre de l’initiative « Working for Water » (Travailler pour l’eau).

Il a été observé et révélé que c’est lorsque le soutien politique au plus au niveau a été solide et cohérent que les marchés ont le plus prospéré et que les transformations ont le plus progressé. Ce soutien a notamment pris la forme d’objectifs, d’amendes et d’incitations telles que les lois « feed-in » (tarif minimum garanti pour les énergies renouvelables), de normes d’efficacité pour les bâtiments et les appareils, ainsi que d’un secteur de recherche et développement dynamique.

Quelques exemples de programmes en vue d’encourager les emplois verts (France, USA)        

-      France :
Une conférence nationale sur les métiers «verts» sera organisée début 2010 en France. Cette conférence aura pour but de détailler le plan de mobilisation qui devrait permettre la création de 600000 emplois verts d’ici 2020. Ces centaines de milliers d’emplois qui pourraient voir le jour concernent essentiellement les secteurs du bâtiment, des transports, des énergies renouvelables et de la prévention des risques naturels et technologiques.

«Afin d’anticiper les besoins et les mutations à venir, un plan de mobilisation des filières et des territoires pour le développement des métiers liés à la croissance verte sera élaboré, d’ici la fin de l’année, en lien avec les acteurs des politiques de l’emploi». Ce plan de mobilisation pour les métiers verts s’articulera autour de quatre axes : l’identification des nouveaux métiers et des nouvelles compétences qui feront l’objet d’un observatoire national, la définition des besoins en formation et le recrutement, l’information et la valorisation des métiers de la croissance verte.

« La croissance verte, dopée par le Grenelle Environnement, est un formidable gisement d’emplois. Pour faire aboutir ces programmes, plus de 450 milliards d’euros seront investis entre aujourd’hui et 2020 en France ».


Les objectifs du Grenelle semblent en effet ambitieux car sur le terrain, la réalité est toute autre, même dans les pays dits «développés». Les entreprises peinent à recruter du personnel qualifié, les formations sont encore trop peu nombreuses, et les professionnels eux-mêmes ne sont pas toujours formés aux nouvelles techniques.
Selon une récente enquête du magazine Actu-Environnement, les compétences recherchées sont diverses, de l’ingénierie à la commercialisation en passant par la fabrication, l’installation et la maintenance. Parmi les postes les plus recherchés, on trouve des techniciens, des installateurs qualifiés (par exemple : les installateurs en équipements solaires thermiques et photovoltaïques), des commerciaux généralistes et des ingénieurs spécialisés en énergies. D’autres profils sont néanmoins porteurs : les ingénieurs ou techniciens en génie civil et travaux publics, ou les techniciens de maintenance... Les fabricants de machines et de composants offriront également des nombreux postes.

-      Etats-Unis :

« Le plan de relance permettra la création de près de 500000 emplois par des investissements dans les énergies renouvelables, par l’engagement de doubler la production d’énergies alternatives dans les trois ans à venir et en améliorant l’efficacité énergétique de deux millions de foyers américains. Ces emplois consisteront à fabriquer des panneaux solaires et des turbines à éoliennes, à mettre au point des véhicules dits verts et de nouvelles technologies dans le domaine énergétique, ne seront pas délocalisés» a déclaré le président Barack Obama. Les propositions faites dans le plan de relance devraient permettre de préserver ou de créer trois à quatre millions d’emplois d’ici 2010. L’an dernier, 2,6 millions d’emplois auraient été supprimés sur le continent américain. Une triste première depuis 1945.

« 5 millions d’emplois verts aux Etats-Unis », doit-on y croire ? Barack Obama en avait fait un axe de son programme : les Etats-Unis et le gouvernement fédéral allait se mettre pour de bon au « green business ». Les principales mesures annoncées sont les suivantes : porter la part des énergies renouvelables à 10% du total des ressources d’ici 2012, et économiser en 10 ans autant de pétrole que le pays en importe aujourd’hui du Moyen Orient et du Venezuela. De plus, son programme encourage le développement de l’éolien, du solaire et du géothermique, en particulier grâce à l’extension pour cinq ans du «Production tax credit », un crédit d’impôt indexé sur l’inflation pendant les 10 premières années de fonctionnement d’un parc d’éoliennes. Enfin, un engagement à réduire la part du charbon dans l’électricité, dont 10% de la production devra provenir d’énergies renouvelables d’ici 2012 et 25% d’ici 2025.

Exemples de secteurs où les emplois verts présentent un avenir florissant

-      Emplois verts dans le secteur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique :

L’emploi dans les secteurs de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables bat son plein, et ce malgré la crise : cela paraît logique, alors que les Etats souhaitent diminuer leur dépendance énergétique vis à vis des énergies fossiles, et que les menaces climatiques pesant sur la planète se confirment. Depuis quelques années, se manifeste donc  une prise de conscience politique et citoyenne, en parallèle avec le développement des formations dans le secteur, et la croissance des investissements et du nombre des projets d’ampleur, qui jouent en faveur de l’emploi.

Certes, les énergies renouvelables sont encore situées en termes d’emplois, loin  derrière les énergies classiques (rappelons que ce secteur ne couvre que 2% de la production mondiale d’énergie), mais selon tous les observateurs, les perspectives d’embauches dans les années à venir, boostées par les progrès techniques et les mesures incitatives de l’Etat, sont très prometteuses. Il est donc intéressant de situer quantitativement le nombre de postes proposés par le secteur, et de rendre compte des projections effectuées par les experts, en France et dans le monde entier.

Au niveau mondial, le secteur crée déjà plus de nouveaux postes que ceux générés chaque année par les secteurs produisant de l’énergie à partir de ressources fossiles, notamment du fait de la plus forte «intensité de main d’œuvre» nécessaire : Politiquement, ces études sont importantes, car elles montrent qu’une mutation vers une économie pauvre en carbone n’est pas un danger pour l’emploi.

En France, une étude réalisée par l’ADEME a dressé un état des lieux de l’emploi et de l’économie des principales activités liées à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables. L’emploi dans ces secteurs a connu une croissance de 8% en 2007 et s’élèverait à 220000 postes, soit déjà un niveau supérieur à celui de l’industrie automobile. Ce chiffre serait appelé à doubler d’ici 2012. Notons que l’amélioration de l’efficacité énergétique des transports et du résidentiel captent la majorité de ces emplois avec 70% du chiffre d’affaires réalisé dans ce dernier secteur (les emplois les plus nombreux sont liés à l’isolation).

Au niveau mondial, l’étude réalisée par le PNUE « Pour un travail décent dans un monde durable à faibles émissions de carbone » a dressé un inventaire très complet des emplois verts dans le monde. Ce rapport évalue, à l’horizon 2030, le potentiel d’emplois verts (c’est-à-dire qui « contribuent à la préservation ou au rétablissement de la qualité de l’environnement », selon la définition retenue) à plusieurs dizaines de millions : au moins 20 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2030 dans le domaine des énergies renouvelables, principalement pour des énergies issues de la biomasse ou du solaire. Quant aux investissements dans l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, ils pourraient générer 2 à 3,5 millions d’emplois verts supplémentaires seulement en Europe et aux Etats-Unis. Le potentiel est beaucoup plus important dans les pays en développement.

Plus de 2,3 millions d’emplois verts ont déjà été créés ces dernières années dans le  secteur des énergies renouvelables, d’après le rapport : Le secteur de l’énergie éolienne emploie quelque 300000 personnes, celui de l’énergie solaire photovoltaïque emploie selon les estimations 170000 personnes et celui de l’énergie solaire thermique emploie plus de 600000 personnes, dont une grande partie en Chine. Les pays mettant en œuvre des politiques actives pour encourager les énergies renouvelables ont vu l’emploi augmenter fortement dans ce secteur. En Allemagne, par exemple, le nombre d’emplois a quasiment quadruplé pour atteindre 260000 en moins de 10 ans.

-      Emplois verts dans le domaine du recyclage des déchets : 

Selon l’étude BCG sur le secteur de l’emploi dans l’environnement et de l’économie verte comme moteur de la relance, l’emploi en environnement et l’économie verte en France, passent par le recyclage des déchets. Le recyclage des déchets représente un chiffre d’affaire de 13 millions d’€ et emploie 30000 personnes en 2007. Le recyclage connaît une augmentation de 5% par an en volume et 13% par an en chiffre d’affaires depuis 2002.

Dans ce cadre, la France possède les leaders mondiaux pour industrialiser la filière du recyclage (Veolia Environnement, Suez Environnement, FCC, Séché Environnement, ACS, Ferrovial, …), ainsi que des acteurs dans l’ensemble de la chaîne de valeur (Equipements de collecte, Centres de tri, Usines d’incinération, Services/Recyclage).

Une rupture majeure est à attendre dans la stratégie de valorisation des déchets. En effet :
Au XXème siècle, les déchets sont vécus comme : 
Le XXIème siècle sera la rupture de ce mode de gestion des déchets :

- Contexte : Faibles coûts des matières premières et de l’énergie.
- Approche : Approche environnementale des déchets : Déchets = contraintes à minimiser ; Volonté d’exporter ses déchets.
- Hiérarchisation du traitement des déchets : 1- Enfouissement/stockage ; 2- Incinération avec faible valorisation énergétique ; 3- Recyclage sur certaines filières économiquement rentables.
- Contexte : Hausse du prix des matières premières et de l’énergie ; Risque de pénurie sur certains métaux rares (Pb, Zn, Ni, Cu).
- Approche : Approche économique des déchets : Déchets = ressource rare à optimiser, notamment pour certains produits en risque de pénurie ; Volonté de garder, voire importer les déchets.
- Hiérarchisation du traitement des déchets : 1- Recyclage sur de nombreuses filières : approche et objectifs de recyclage à démoyenniser selon la matière ; 2-Incinération sur produits à fort PCI avec valorisation énergétique ; 3-Enfouissement avec valorisation énergétique.

Ainsi, les déchets sont devenus une opportunité de récupérer des ressources devenues rares et couteuses. Il devient nécessaire de valoriser au mieux les déchets (matière et énergie) mais aussi de les conserver sur le territoire national, pour permettre le développement d’emplois dans l’environnement. Notons à titre d’exemple que les métaux se raréfient et que leurs prix flambent :
Métaux
Date d’épuisement :
Evolution des prix de 2000 à 2007 :
Zinc
Etain
Plomb
Cuivre
Nickel
Fer
Aluminium
2025
2028
2030
2039
2048
2087
2139
+100%
+173%
+445%
+263%
+221%
-
+48%

Pour développer l’emploi dans l’environnement et l’économie verte, il faut donc désormais créer les conditions qui permettent :
- de privilégier les modes de traitement optimisant la valorisation des déchets,
- d’identifier les filières ou matières à plus forts enjeux (économiques et stratégiques),
- de rendre compétitive chaque filière par rapport à ces homologues à l’étranger (pour éviter les exportations de déchets valorisables).

Le développement du recyclage et de la valorisation énergétique auront un impact positif sur l’emploi et la balance commerciale. Ainsi l’amélioration du recyclage doit permettre la création de 10000 à 20000 emplois dans l’environnement et l’amélioration des rendements de la valorisation énergétique doit permettre de préserver environ 2000 emplois à risque en cas d’exportation des déchets. L’organisation de la filière de recyclage des déchets du BTP peut permettre la création de quelques milliers d’emplois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire